La hausse des défauts sur obligations constatée en Chine témoigne de l’efficience accrue du marché.

En raison de la pandémie, les défauts ont augmenté dans le secteur des entreprises chinoises depuis le début novembre 2020, ce qui a engendré une certaine correction en novembre, tant sur les marchés onshore que sur les marchés offshore. Dans ce contexte, le nombre total de défauts pourrait être plus élevé en 2020 qu’en 2019, avec à la clé un taux de défaut sur les obligations d’entreprises onshore supérieur à 1,0% (contre 0,62% en 2019). Cependant, ce niveau reste inférieur à la moyenne mondiale et ne représente pas de menace systémique en raison des ressources abondantes des décisionnaires politiques chinois.

Le fait que ces défauts surviennent dès maintenant témoigne de la volonté du gouvernement chinois de renforcer l’efficience et la transparence du marché. Ainsi, les défauts ne sont pas dus à une dégradation des fondamentaux de crédit mais ont plutôt été déclenchés par le gouvernement chinois, qui a choisi de ne pas renflouer certaines entreprises publiques jugées trop faibles dans un contexte de reprise économique… Cette stratégie s’inscrit dans le cadre du plan de désendettement, lancé en 2018 par les autorités afin d’atténuer les « risques moraux » et de promouvoir la différenciation – et la tarification – des crédits. En laissant les marchés fonctionner plus librement, les investisseurs apprendront à évaluer correctement les risques de défaut. Ce changement tant attendu devrait donner naissance à un marché du crédit plus sain et plus efficient.

Pour remettre les choses dans leur contexte, rappelons que la banque centrale avait pris des mesures rapides et décisives en 2019 après la faillite de Baoshang Bank, une banque régionale implantée en Mongolie intérieure. Les autorités avaient pris le contrôle de la banque et l’avaient rapidement restructurée, et les grands déposants institutionnels n’avaient subi qu’une décote modérée de 10%. Cela souligne la volonté du gouvernement d’éviter les risques systémiques afin de construire une économie plus solide et plus efficiente. Bien que cette stratégie soit de mauvais augure pour les entreprises publiques les plus faibles, elle constitue une avancée pour les investisseurs et pour le marché du crédit chinois. Pour les acheteurs d’obligations, un pricing plus précis des risques est gage de transparence accrue dans une économie relativement opaque. Cela donnerait un coup de fouet à la dette chinoise, attirant des flux de capitaux plus importants, atténuant ainsi la dépendance des marchés de capitaux au gouvernement.

Ces avancées sont positives à long terme pour le marché du crédit chinois, mais présentent des inconvénients à court terme. La volatilité liée à la hausse des défauts a en effet permis aux investisseurs, lors de la correction de ces dernières semaines, d’acheter des obligations d’émetteurs solides faiblement valorisées à la faveur de leur repli.*

Cosmo Zhang, Analyste, Vontobel Asset Management

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