Shamik Dhar se penche sur les perspectives économiques mondiales un an après le début de la pandémie de Covid 19 en Europe.
« Les investisseurs doivent prendre en compte trois éléments essentiels :
Lorsque les économies seront à nouveau ouvertes, la reprise de l’activité économique pourrait être très forte.
La demande refoulée est très importante dans un certain nombre de pays. Les taux d’épargne des ménages sont beaucoup plus élevés que la normale, en grande partie parce que les gens n’ont pas pu dépenser dans l’achat des biens de consommation dont la production est encore ralentie.
Une fois que les confinements seront tous levées et la situation redevenue normale, le retour des taux d’épargne à des niveaux normaux, voire légèrement supérieurs à la normale, stimulera fortement les dépenses de consommation (entre 5 et 10 %, selon le pays).
De plus, si les ménages choisissent de dépenser une partie de l’épargne qu’ils ont accumulée, les taux d’épargne pourraient descendre en dessous de la normale pendant un certain temps, ce qui stimulerait encore les dépenses. Les entreprises disposent elles aussi de beaucoup de liquidités, dont une partie pourrait être consacrée à des dépenses d’investissement supplémentaires.
Les investisseurs doivent également être conscients que la composition de l’économie va changer pour de bon. Nous pourrions revenir assez rapidement aux niveaux d’activité économique d’avant la crise, mais la nature de cette activité sera sensiblement différente. La demande de biens et de services « de proximité » pourrait, après un rebondissement à court terme, se stabiliser à un niveau inférieur à celui auquel nous étions habitués dans le passé – moins de déplacements, moins de trajets, moins de rues commerçantes, plus de livraisons, etc.
En revanche, les biens et services qui peuvent être consommés « à distance » (par la livraison ou en ligne, par exemple) resteront probablement très demandés.
Il en résultera d’importants changements dans les prix relatifs et les rendements relatifs des différents secteurs économiques.
Enfin, les investisseurs doivent faire attention à l’inflation.
Les marchés commencent à s’inquiéter du fait que les mesures de relance budgétaire et monétaire massives, associées à une forte reprise, alimenteront l’inflation dans un avenir proche. Ces craintes sont probablement un peu exagérées : il existe encore beaucoup de capacités inutilisées et les secteurs qui ont fermé sont principalement des services de proximité, qui peuvent être ouverts rapidement, de sorte que l’offre suivra instantanément la demande.
Toutefois, le risque d’inflation augmente tout de même et, s’il se réalise, les implications pour les actions et les obligations dépendent entièrement de ce que les banques centrales choisiront de faire. Si elles resserrent leur politique, actions et obligations en pâtiront.
Si elles ne le font pas et laissent l’économie retrouver son équilibre seule pendant un certain temps, les obligations classiques seront vendues, mais les actifs indexés et autres actifs réels pourraient bien se porter sur le long terme, même s’il est probable que des turbulences surviennent dans les deux cas.
Dans l’ensemble, bien que l’incertitude demeure, les investisseurs ont des raisons d’être optimistes. »