MARCHÉS ÉMERGENTS : THE PLACE TO BE ?

Les marchés émergents bénéficient de tendances favorables : environnement de taux bas grâce à des politiques monétaires accommodantes, plans de relance massifs de la part des Etats, prix du pétrole et niveau du dollar, accélération des campagnes de vaccination qui ouvrent la voie à une reprise des échanges commerciaux.

Néanmoins, ils affichent une forte hétérogénéité en termes de dynamique et de tendances de croissance. Plusieurs pays et secteurs offrent de réelles opportunités d’investissement, tant sur le front obligataire que des marchés actions. La sélectivité reste la clé.

UNE FENÊTRE DE TIR

Une fenêtre de tir s’ouvre pour permettre aux actifs émergents de surperformer cette année selon nous, pour de multiples raisons.

Tout d’abord, les vents des deux grands « macro – facteurs » du monde émergent soufflent dans la bonne direction. D’une part, l’économie chinoise se montre robuste, résiliente et très bien pilotée. Le pays a plutôt bien traversé la crise liée au Covid-19 l’an dernier et offre encore de belles perspectives.

D’autre part, la Fed a rappelé qu’elle ne comptait pas remettre en cause pour le moment sa politique monétaire ultra-accommodante, qui, rappelons-le, profite tout particulièrement au monde émergent. S’il s’avère difficile à ce stade de prévoir le timing de la prochaine inflexion monétaire, le simple fait que la Fed rechigne à donner des indications en faveur d’une possible évolution invite les investisseurs à jouer les prolongations.

Notons par ailleurs la résilience plus globale des entreprises des pays émergents face au choc de l’an dernier, comme en atteste la très modeste remontée des taux de défaut au sein des obligations à haut rendement de l’indice CEMBI (estimés à 2.7% en 2020 versus 6.8% pour le high yield américain).

En outre, il subsiste une décote attractive des actifs émergents face aux pays développés. Dans un monde où les actifs sont globalement chers et la liquidité reste abondante, il y a de bonnes raisons de penser que cette décote pourrait se résorber.

Nous observons une augmentation des flux entrants sur les actions et dettes émergentes au cours des dernières semaines, sans signe d’excès des investisseurs sur ces segments pour le moment.

Le changement d’administration américaine s’accompagnera selon nous d’une diminution du risque géopolitique, de moindres surenchères ou de dérapages spectaculaires.

L’environnement actuel nous semble donc particulièrement propice pour privilégier les actifs émergents dans les portefeuilles. Il sera toujours temps de réviser notre jugement lorsque l’heure du changement de politique monétaire aura sonné, probablement pas avant de nombreux mois.

DES PERSPECTIVES SOURIANTES POUR LA DETTE ÉMERGENTE

Le ciel apparaît dégagé à court terme pour la dette souveraine émergente. L’environnement de taux bas, un cours du pétrole soutenu par la demande, le dollar qui ne devrait pas augmenter, des gouvernements qui vont continuer à mettre en place des stimulus, notamment aux États-Unis, les campagnes de vaccination permettant la réouverture progressive des économies : tous ces éléments devraient conduire à des flux entrants sur la classe d’actifs, puissants facteurs de soutien des performances.

Le segment High Yield reste particulièrement décoté et offre un potentiel de rebond important selon nous. Au sein de ce segment, nous visons à identifier les pays aux perspectives de rendement les plus attractives. Nous privilégions l’Ukraine, soutenu par le FMI, ou encore le Brésil. Le Mexique suscite également notre intérêt. Le pays va bénéficier directement de la reprise américaine et de la croissance mondiale, tandis que la banque centrale n’a pas souhaité baisser outre-mesure les taux en 2020, gardant ainsi des marges de manœuvre en termes de politique monétaire pour stimuler la croissance. Nous favorisons aussi l’Angola, affichant une forte dépendance au prix du pétrole. Le marché des changes pourrait également rebondir, du fait de la bonne tenue des chiffres macroéconomiques : une bonne manière de créer de l’alpha au sein des portefeuilles.

Sur le front de la dette d’entreprises émergentes, les fondamentaux de crédit demeurent solides, notamment concernant les ratios d’endettement, la tendance positive des revenus et les niveaux de cash des sociétés. Par ailleurs, la dette d’entreprises émergentes est sous-représentée dans les allocations globales.

Nous favorisons le High Yield et une duration courte au sein des portefeuilles. Nous nous intéressons aux secteurs qui ont accumulé du retard. Les valorisations s’avèrent attractives et les ratios de crédit plutôt sains en Ukraine, en Turquie et en Argentine. Le Brésil comprend un grand nombre de secteurs clés que nous privilégions (agroalimentaire, mines & métallurgie, pétrole). Par ailleurs, notre allocation est aussi diversifiée sur les secteurs de la consommation, soutenue par un important bassin de population, mais également les transports (rail, aérien, maritime).

DES TENDANCES FAVORABLES AUX ACTIONS ÉMERGENTES

Les marchés actions émergents pourraient bénéficier de plusieurs tendances favorables au cours des prochains mois. Certains pays devraient plus particulièrement tirer leur épingle du jeu et devenir de véritables moteurs de croissance. La Chine devient plus compétitive au sortir de la crise sanitaire liée au Covid-19 et de la crise géopolitique sino-américaine.

Les actions chinoises affichent un potentiel de revalorisation selon nous par rapport à d’autres marchés, au regard d’une classe moyenne importante, d’industries stratégiques résilientes et un pool de nombreux talents. En proportion du PIB par rapport au reste du monde, la Chine est toujours sous-représentée dans les principaux indices mondiaux aujourd’hui. Avec l’ouverture du marché chinois, les flux de capitaux vers les actions chinoises devraient augmenter en 2021 et au-delà.

Nous favorisons les valeurs liées au développement durable en Chine – chaîne de fabrication des véhicules électriques, des panneaux solaires et stockage d’énergie – qui vont bénéficier du plan de neutralité carbone d’ici 2060. Les secteurs cycliques, comme l’industrie, présentent un intérêt à moyen terme, soutenus par les dépenses d’investissement du secteur privé et la substitution locale des chaînes d’approvisionnement.

La Chine va continuer à bénéficier selon nous des accords commerciaux conclus en Asie et en Europe, mais aussi de l’accélération de la digitalisation.

En Amérique Latine aussi, nous privilégions les entreprises exposées à l’économie digitale en forte croissance, comme le e-commerce et le paiement électronique. Le e-commerce a une pénétration encore faible (9% des revenus du commerce de détail contre 28% en Chine). Nous favorisons les sociétés affichant des positions dominantes dans ces secteurs, avec un bilan solide, un fort pricing-power, une bonne rentabilité et une croissance visible.

Au Brésil plus particulièrement, la digitalisation avance vite. En outre, le pays est en passe de faire adopter des réformes structurelles au premier semestre, pas nécessairement prises en compte à ce stade par le marché. 

Par ailleurs, l’Inde suscite notre intérêt. Le processus de vaccination se déroule bien et le pays a dévoilé, début février, un budget pour le prochain exercice fiscal très pro-croissance, avec 500 milliards de dollars qui vont être dépensés par le gouvernement indien, avec une forte augmentation des investissements dans les infrastructures (+34% sur le prochain exercice par rapport au précédent). L’Inde avait fait peu d’efforts en termes de stimulus ces derniers mois. Le pays s’inscrit désormais dans le mouvement de relance budgétaire amorcé un peu partout dans le monde, avec l’objectif également d’améliorer l’attractivité de l’Inde pour les sociétés cherchant à diversifier leurs sites de production. Cette dernière tendance, qui a récemment profité à l’Asie du Sud Est et à l’Inde dans un contexte de guerre commerciale sino-américaine et de Covid-19, devrait selon nous continuer.

La Chine garde néanmoins des avantages compétitifs importants concernant la chaîne d’approvisionnement. Les industries à faible valeur ajoutée pourraient certes être délocalisées vers le Vietnam ou l’Inde, mais la production à plus forte valeur ajoutée restera en Chine, pays qui démontre son leadership technologique sur certains segments, comme le véhicule électrique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!