Nouvelle phase de la stratégie nationale d’intelligence artificielle :le Gouvernement fait le pari des talents
Dès mars 2018, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé son ambition de faire de la
France un leader mondial de l’intelligence artificielle (IA). Se fondant sur les travaux du rapport du député Cédric Villani, cette première phase d’1,5 milliards d’euros a notamment conduit à la création et
au développement d’un réseau d’instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (3IA), le soutien à
des chaires d’excellence en IA, le financement de programmes doctoraux et l’investissement dans les
capacités de calcul de la recherche publique (Jean Zay).
Le décollage exponentiel des aides économiques à l’innovation dans le domaine de l’IA, notamment
opérées par Bpifrance est un autre point marquant de la première phase. Les aides nationales et régionales sur des projets dédiés à l’IA passant de 170 M€ en 2018 à plus de 1 Md€ en 2021.
Il faut aussi se féliciter de l’essor d’au moins 6 licornes françaises dans le domaine de l’IA ces dernières
années (ContentSquare, Dental Monitoring, Shift Technology, Alan, Mirakl, Meero). Avec 502 startups
spécialisées en IA en 2021, c’est une hausse de 11% par rapport à 2020 (recensement France Digitale).
Dans le cadre de l’annonce du plan France 2030, le Président de la République a insisté sur la nécessité
de disposer de solutions numériques de confiance et performantes afin d’innover sans sacrifier notre
souveraineté technologique dans la plupart des secteurs de notre économie. Notre capacité à former
les talents de demain figure également au cœur de ce plan. Ces objectifs ambitieux nous conduisent à
ouvrir une nouvelle phase de la stratégie nationale en matière d’IA.
Ce lundi 8 novembre 2021, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation,
Frédérique Vidal et le secrétaire d’Etat en charge de la Transition numérique et des Communications
électroniques, Cédric O, ont présenté cette nouvelle phase de la stratégie nationale pour l’IA, qui mobilisera 2 milliards d’euros de cofinancements publics-privés.
Une mobilisation inédite pour former et attirer des talents
La priorité de cette nouvelle phase de notre stratégie est de nous donner les moyens de former et d’attirer les meilleurs talents internationaux en IA. Il s’agit d’un enjeu décisif pour permettre à la France de
peser dans le paysage mondial de l’IA et de renforcer notre attractivité pour les futurs champions du
secteur, à l’heure de la pénurie des compétences dans le numérique.
Plus de la moitié de l’effort financier public sera ainsi concentré sur la question des talents dans le cadre
d’un programme ambitieux pour faire émerger un réseau d’établissements d’excellence et d’envergure
mondiale et un plan de formation massif à l’IA au sein des universités et des grandes écoles (781 M€).
Transformer et accélérer les succès scientifiques en opportunités économiques
Après une première étape axée notamment sur la recherche, cette nouvelle phase vise à renforcer la
transformation de notre potentiel de R&D en succès économiques et à accélérer fortement, dans un
contexte où de nouvelles générations d’IA offrent de nouvelles opportunités à saisir.
Il s’agit de faire émerger des champions français et européens de l’IA, d’améliorer la compétitivité de
nos entreprises par la diffusion des usages concrets des technologies d’intelligence artificielle et de se
positionner en pionniers sur les marchés émergents : intelligence artificielle embarquée, edge computing, technologies de confiance pour l’explicabilité et la fiabilité des algorithmes (indispensable notamment pour l’aéronautique, l’énergie, le véhicule autonome, l’industrie 4.0) et le développement d’une IA
frugale en énergie
Les principales mesures envisagées à cette fin à horizon 2025, au-delà de l’effort en matière de formation, sont les suivantes :
Un investissement massif dans les nouvelles générations d’IA embarquée, IA responsable et de
confiance et les plateformes de développement des logiciels, modèles et applicatifs d’IA y compris en open-source (1,22 Mds €) ;
L’accompagnement de 500 PME et ETI dans l’adoption et l’usage des solutions d’IA d’ici 2025
(25 M€) ;
Le passage à l’échelle des accélérateurs de start-ups existants, pour tripler d’ici à 2025 le nombre
de start-ups en IA créées à partir d’un concept issu de la recherche fondamentale (40 M€) ;
Le lancement de démonstrateurs visant à faire usage d’une IA frugale en énergie dans des secteurs importants pour l’atteinte des objectifs climatiques : villes durables, bâtiments intelligents,
mobilités, agriculture de précision (120 M€).
Opérationnalisation en cours
La stratégie présentée aujourd’hui s’appuiera sur des réseaux et des projets structurants pour l’écosystème, qu’ils soient déjà existants, à conforter en particulier ou à lancer :
Le réseau des quatre 3IA au cœur de la recherche publique-privée (Prairie à Paris, Aniti à Toulouse,
3IA Côte d’azur à Nice et MIAI Grenoble Alpes) ainsi que les autres centres de recherche d’excellence comme l’Institut Data IA (Université Paris Saclay), SCAI (Sorbonne Université), Hi! Paris
(Institut Polytechnique de Paris) ;
Le programme Confiance.ai, plateforme logicielle pour certifier et sécuriser les systèmes critiques et complexes d’intelligence artificielle, initiée par le Grand Défi de la phase 1 de la stratégie et partenariat public-privé (Renault, Valeo, Airbus, Safran, Thales, Atos, SopraSteria, Naval
Group, Air Liquide, IRT System-X, IRT Saint-Exupéry, CEA, Inria). Avec la ème phase, les investissements pour l’IA de confiance passeront de 45 à 271 M€ ;
Scikit-learn, initiée chez Inria et seule librairie logicielle européenne sur la science de la donnée,
dont les fonctionnalités et applications seront révisées et étendues afin de mettre à disposition
des acteurs industriels une infrastructure technologique souveraine pour l’extraction, la publication, l’échange de leurs données, puis leur exploitation grâce à une large gamme de fonctionnalités.
Les principales actions de la stratégie seront mises en œuvre rapidement. Un appel à projets est ouvert
aujourd’hui sur le développement d’une offre de nouvelle génération dans le domaine de l’IA embarquée
avec une première relève des projets dès fin janvier 2022
De plus, 134 M€ sur 5 ans seront consacrés à la recherche autour de ces technologies de rupture, à travers
un programme de recherche piloté par le CEA, l’INRIA et le CNRS. Ce programme de recherche s’appuiera sur l’ensemble de nos forces de recherche académique dans des domaines allant du matériel au
logiciel, de la consommation d’énergie, au développement de nouvelles architectures
Cette stratégie est synchronisée avec le Plan coordonné européen révisé sur l’intelligence artificielle,
dont les priorités sont communes, notamment pour le développement d’une offre de référence en matière d’IA embarquée ou l’utilisation de l’IA pour accélérer la transition écologique