2022 : qu’attendre des marchés ? Où investir ?
Fabiana Fedeli, CIO Equities & Multi Asset
Les actions ont subi une très forte hausse.
- Les performances ont été très contrastées. En étudiant les performances par pays, on constate que les États-Unis ont connu une hausse très forte par rapport au reste du monde. Et ce contraste se manifeste également au sein des actions d’un même secteur. Il existe donc encore beaucoup d’opportunités mais la sélectivité reste de mise.
- Les actions sont chères au vu de leur propre historique. Mais en comparaison aux autres classes d’actifs, elles sont en fait relativement raisonnables. La quantité de liquidités disponible reste très favorable aux marchés actions.
- Les marchés de crédit risquent de commencer à se resserrer, ce qui aura évidemment un impact négatif sur les marchés actions. L’inflation aura, quant à elle, un impact sur le monde réel.
Vers le plein emploi
Maria Municchi, gérante multi-asset
Si la préoccupation actuelle de la Fed est l’inflation, son mandat consiste également à maximiser l’emploi. Lorsque l’on étudie le marché du travail américain aujourd’hui, il y a des domaines très intéressants qui méritent d’être surveillés dans les mois à venir. Le niveau du chômage est aujourd’hui relativement bas, mais certaines minorités ethniques, ainsi que les jeunes travailleurs, souffrent toujours d’un niveau de chômage très élevé. De même, le taux d’activité est beaucoup plus faible qu’avant la pandémie. Environ 5 millions de personnes n’ont pas encore réintégré le marché du travail, ce qui traduit un certain relâchement sur le marché du travail américain. Enfin, la forte croissance des salaires constatée au cours des derniers mois concerne majoritairement les bas salaires et les jeunes employés. Il est donc très important d’étudier le marché du travail américain dans le contexte de l’inflation actuelle, car il s’agit d’un autre élément que la Fed prendra en compte pour décider de sa future politique monétaire.
Où investir ?
Taux
Jim Leaviss, CIO Public Fixed Income
Dans ce genre de contexte, nous privilégions les obligations indexées sur l’inflation et les TIP (Treasury inflation-protected securities), car elles assurent une certaine protection contre la hausse de l’inflation.
Les obligations des marchés émergents sont également une classe d’actifs à privilégier dans cet environnement. Alors que les obligations des marchés développés offrent des rendements réels négatifs, celles des marchés émergents offrent des rendements réels positifs de 2% ou 3%. Comme toujours, investir sur de la dette émergente s’accompagne de nombreux risques et de volatilité, mais constitue probablement la meilleure option pour obtenir du rendement sur les taux.
Actions
Fabiana Fedeli, CIO Equities & Multi Asset
Les secteurs à éviter sont évidents. Il s’agit de ceux où les pressions inflationnistes vont nuire aux entreprises. Les entreprises intégrées à des chaînes d’approvisionnement subissant une forte pression sur les coûts, sans pouvoir de fixation des prix pour la répercuter sur leurs propres clients risquent de particulièrement souffrir.
D’un point de vue sectoriel, les actifs réels se comportent bien en période d’inflation, particulièrement dans le contexte actuel où nous assistons à une forte augmentation des dépenses d’infrastructure, notamment dans le secteur des énergies renouvelables qui devrait continuer à offrir de nombreuses opportunités. Cependant, il convient de rester sélectif et de privilégier les entreprises capables de répercuter les coûts et dont les bilans sont solides, afin de résister à l’impact des taux variables.
Le Japon constitue le deuxième domaine à privilégier. C’est un pays qui a sous-performé de manière significative les États-Unis mais aussi le reste du marché, surtout du point de vue du dollar américain. Cependant, beaucoup d’entreprises présentent des bénéfices solides et en hausse. On assiste également à une amélioration de la gouvernance des entreprises, du rendement des actionnaires et des bilans, et à une augmentation des fusions-acquisitions qui permettent de débloquer des synergies.
Multi-asset
Maria Municchi, gérante multi-asset
La gestion diversifiée nécessite de trouver le bon équilibre entre les classes d’actifs. Auparavant, elles étaient négativement corrélées. Aujourd’hui, l’environnement est davantage favorable aux actifs risqués, tant d’un point de vue macroéconomique qu’en termes de valorisation. Pourtant, les valorisations des actions et des taux présentent actuellement certaines difficultés. Il faut donc faire preuve de sélectivité au sein des portefeuilles diversifiés, mais surtout avoir une allocation d’actifs tactique. L’inflation restera certainement un thème central pour l’année à venir mais d’autres menaces éventuelles peuvent surgir sur les marchés. Il est important de maintenir des portefeuilles bien diversifiés. Pour ce faire, nous conservons une partie de notre allocation en liquidités, ainsi qu’une exposition aux obligations d’État des marchés développés à plus long terme, notamment les bons du Trésor américain à 30 ans.