Alexis Naacke : « les secteurs de la finance et de l’énergie se distinguaient positivement. »
L’euphorie boursière de la fin de l’année 2021 a connu un coup d’arrêt brutal au cours des premières semaines de 2022. Les actions mondiales ont enregistré une consolidation significative, l’indice MSCI Monde reculant de plus de 3% en janvier. Au niveau géographique, le marché américain a été particulièrement affecté, avec un recul de l’ordre de 5% en dollar, tandis que les marchés émergents se distinguaient par une meilleure résistance. La dispersion des performances au niveau sectoriel a été encore plus marquée, le secteur technologique affichant la baisse la plus importante alors que les secteurs de la finance et de l’énergie se distinguaient positivement.
C’est avant tout la perspective d’une normalisation plus rapide qu’escompté jusqu’à présent de la politique monétaire américaine qui explique cette consolidation des marchés actions. Confrontée à une hausse des prix à la consommation supérieure à 7% et à un marché du travail de plus en plus tendu, la Réserve Fédérale a clairement indiqué que sa politique monétaire deviendra moins accommodante à un horizon relativement proche. Une première hausse des taux devrait ainsi intervenir dès le mois de mars, tandis que la réduction de son bilan sera engagée plus rapidement qu’attendu. Ce durcissement s’est logiquement traduit par une poursuite de la hausse des taux d’intérêt sur l’ensemble des échéances, le taux des obligations d’état à 10 ans avoisinant les 1,8% fin janvier. Cette hausse des taux s’est révélée particulièrement pénalisante pour les valeurs et les secteurs les plus chèrement valorisés et dont les perspectives bénéficiaires sont les plus éloignées dans le futur.
Autre facteur d’incertitude pour les marchés financiers, la puissante vague épidémique provoquée par l’apparition du variant omicron a conduit certains pays à durcir leur politique sanitaire, en Europe en particulier, ce qui a pesé sur le niveau de l’activité économique en ce début d’année.
Enfin, la nette détérioration de la situation géopolitique en Europe provoquée par le durcissement de la crise ukrainienne a aussi contribué à une certaine hausse de l’aversion au risque. Du point de vue économique, l’Europe continentale apparaît incontestablement vulnérable face à une dégradation de la situation en Ukraine, compte tenu à la fois de sa dépendance aux importations énergétiques en provenance de Russie et du poids de ses échanges commerciaux avec ce pays, susceptibles de pâtir de potentielles sanctions économiques.
Ce contexte global relativement troublé n’incite guère à une prise de risque importante. Face aux incertitudes, certains points rassurants méritent toutefois d’être soulignés. D’abord, les perspectives de croissance économique demeurent toujours favorables à court terme, ce qui devrait soutenir la progression des profits des entreprises. Les premières publications de résultats pour le dernier trimestre 2021 sont globalement rassurantes de ce point de vue. Le risque sanitaire, présent depuis près de deux ans désormais, semble en outre s’estomper peu à peu après la dernière vague du variant omicron, éloignant la perspective d’un durcissement des politiques sanitaires. Enfin, la correction en cours a contribué à dégonfler un peu les valorisations excessives dans certains segments du marché.
Dans ces conditions, nous ne modifions que marginalement l’allocation tactique des portefeuilles ce mois-ci. En termes de classes d’actifs, la répartition entre actions et obligations est très proche de la neutralité dans les portefeuilles. Sur les poches obligataires, nous maintenons des positions sur les obligations d’entreprises et les échéances courtes, dans un contexte de poursuite probable de la hausse des taux d’intérêt. Au sein des poches actions, nous conservons enfin nos positions sur les secteurs de la finance et de la technologie (mandats classiques uniquement), mais nous supprimons notre sur-exposition sur les actions européennes après leur sur-performance récente et les risques qui augmentent à court terme sur cette zone géographiques (risques d’escalade des tensions géopolitiques en Ukraine et d’une normalisation des politiques monétaire et budgétaire plus rapide que ce qui était anticipé).