Dette publique : Il est peu probable que la France (AA/Stable) atteigne ses objectifs de réduction de la dette publique en 2026 Par Thomas Gillet

Thomas Gillet

Il est peu probable que la France (AA/Stable) atteigne ses objectifs de réduction de la dette publique en 2026 et de réduction du déficit budgétaire en dessous de 3 % du PIB en 2027 lorsque le second mandat du président Emmanuel Macron doit prendre fin. Cela reflète la hausse des paiements d’intérêts, les dépenses gouvernementales d’urgence introduites en réponse à la détérioration des conditions économiques liées à la guerre de la Russie en Ukraine et les pressions sur les dépenses à moyen terme.

Macron bénéficie d’un large soutien politique pour la mise en œuvre de mesures d’urgence visant à protéger les ménages et les entreprises du ralentissement économique et de la hausse de l’inflation, et à accélérer les investissements dans les infrastructures énergétiques et militaires. Cependant, le désaccord politique persiste sur son plan de réinvestissement dans le secteur de l’énergie nucléaire en France et sur la réforme des retraites.

Une croissance modérée et des déficits soutenus remettent en cause le désendettement

Source : Ministère des Finances, Scope Ratings – Bilan de suivi de la République française au 22 juillet 2022

Avec l’approbation du paquet pouvoir d’achat par l’Assemblée nationale le 22 juillet, la coalition de Macron connue sous le nom d' »Ensemble » a passé son premier test après avoir perdu sa majorité absolue aux élections législatives de juin. Cependant, le gouvernement aura plus de mal à rassembler une majorité de députés pour soutenir des mesures axées sur l’offre qui soutiennent la productivité et la compétitivité. Même ainsi, la coalition au pouvoir pourrait encore trouver des motifs d’accord avec le parti de centre-droit – Les Républicains – pour contenir les dépenses publiques.

Les mesures du paquet pouvoir d’achat comprennent une augmentation des pensions de retraite et d’invalidité de base de 4 % à compter du 1er juillet 2022 et un plafonnement des augmentations des loyers des logements par rapport au niveau de l’indice à 3,5 % entre juillet 2022 et juin 2023. La loi crée également un cadre juridique pour redémarrer temporairement une centrale électrique au charbon et permet un relèvement des plafonds d’émissions de gaz à effet de serre en cas « d’atteinte à la sécurité d’approvisionnement en électricité ». Le paquet de pouvoir d’achat coûte 20 milliards d’euros (soit environ 1 % du PIB).

Le défi pour le gouvernement est que la marge de manœuvre pour compenser une partie de ces dépenses supplémentaires par une budgétisation plus stricte ailleurs semble étroite malgré l’introduction d’un cadre de gouvernance renforcé pour les finances publiques en décembre 2021 dont l’objectif est de renforcer la gestion pluriannuelle et la responsabilité budgétaire. La France a un faible bilan en matière d’assainissement budgétaire au cours des 40 dernières années, avec des déficits budgétaires persistants. La hausse des taux d’intérêt pourrait encore entraver le plan du gouvernement visant à commencer à réduire la dette publique en 2026. La charge d’intérêts du gouvernement s’élève à 1,2 % du PIB et atteindra environ 2,0 % du PIB à moyen terme.

Dans le même temps, les investissements à plus long terme sont en hausse en réponse à la menace croissante de la Russie pour la sécurité européenne. Le gouvernement reprend la pleine propriété d’Électricité de France SA pour un coût estimé à 10 milliards d’euros, le service public étant au cœur du plan d’investissement français proposé de 50 milliards d’euros dans l’énergie nucléaire. Le gouvernement envisage également d’augmenter le budget de la défense d’ici 2030 au-delà de l’objectif actuel de 50 milliards d’euros en 2025 – soit environ 2% du PIB – contre 36 milliards d’euros en 2019.

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