« Les obligations européennes baissent également de près de 4% en septembre »Alexis Naacke

Le mois de septembre a été très négatif pour les marchés financiers. L’ensemble des classes d’actifs enregistrent des baisses significatives sur le mois, de nouveaux plus bas de l’année étant même établis sur les marchés d’actions et de taux. Les actions internationales reculent de près de 8% en euro, la baisse s’établissant désormais à plus de 13% depuis le début de l’année. Les obligations européennes baissent également de près de 4% en septembre, et leur recul depuis le début de l’année approche les 17%. Les matières premières sont aussi en baisse en septembre, le recul du pétrole dépassant les 10% en euro. Sur le marché des changes, le dollar poursuit son mouvement d’appréciation et établit de nouveaux plus hauts face à l’euro.

Au sein des marchés d’actions la baisse des cours est assez généralisée en termes de secteurs et de zones géographiques. On notera seulement la résistance relative du secteur de la santé, très défensif, alors que les secteurs les plus cycliques et les plus sensibles au taux d’intérêt ont été les plus pénalisés (technologie, services aux collectivités…).

Le nouveau durcissement du discours des banquiers centraux explique une bonne partie de la dégradation des marchés financiers en septembre. Aux Etats-Unis, la Réserve Fédérale a poursuivi la normalisation de sa politique monétaire à un rythme soutenu, mais elle a également laissé clairement entendre que son objectif de court terme se concentrait sur la maîtrise de l’inflation, malgré le prix à payer en termes de croissance économique. Le relèvement des anticipations de taux courts s’est traduit par une hausse surprise des taux d’intérêt à long terme, qui ont frôlé les 4% au cours du mois écoulé. Le durcissement des conditions financières aux Etats-Unis (hausse des taux d’intérêt et du dollar, baisse des cours boursiers) apparaît désormais considérable et menace de plus en plus les perspectives de croissance, relativement résistantes jusqu’à présent. Des signes de retournement du marché immobilier américain sont apparus depuis quelques mois.

En Europe aussi les conditions financières se sont tendues de manière significative (le rendement du Bund à 10 ans ayant ponctuellement dépassé les 2%), ce qui vient s’ajouter au choc récessif majeur que constitue l’envolée des prix de l’énergie à la suite de la guerre en Ukraine. Il est donc probable que l’économie européenne soit sur le point d’entrer en récession, comme le suggèrent les indicateurs avancés de l’activité. A la différence des Etats-Unis cependant, les politiques budgétaires sont généralement très accommodantes en Europe, la plupart des gouvernements s’employant à limiter les effets négatifs de l’envolée du coût de l’énergie pour les ménages et les entreprises.

Si l’inflation a constitué le principal sujet d’inquiétude pour les marchés financiers depuis le début de l’année, il nous semble que c’est désormais la perspective d’une récession économique qui constitue le sujet dominant des prochains mois. La détermination affichée par les banquiers centraux et l’ampleur du choc récessif déjà subi par l’économie mondiale devraient progressivement l’emporter sur le risque d’une inflation hors de contrôle. C’est donc du côté des profits des entreprises que des déceptions significatives apparaissent désormais probables.

Dans ce contexte, nous poursuivons l’ajustement progressif du risque des portefeuilles. Nous procédons à une réduction modérée de l’exposition aux actions des portefeuilles (à 45% dans un portefeuille de type équilibré, contre 50% pour l’allocation stratégique) au profit des obligations bien notées (à 55% dans un portefeuille de type équilibré, contre 50% pour l’allocation stratégique). Au sein des poches actions, nous maintenons une surpondération sur les actions américaines, marché qui bénéficie d’un caractère relativement défensif, avec une couverture du risque de change. Nous maintenons également une surexposition sur les valeurs technologiques. Au sein des poches obligataires, l’exposition des portefeuilles est totalement en ligne avec les allocations stratégiques.

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