Les limites de l’endettement public de la France Par François Ecalle

La dette publique de la France, exprimée en pourcentage du PIB, s’est fortement accrue depuis 2019 et augmentera encore si les efforts de réduction du déficit sont insuffisants. Dans ce contexte, beaucoup de nos compatriotes se demandent s’il existe des limites à l’endettement qu’il ne faudrait pas dépasser. Le présent billet vise à éclairer les débats sur cette question.

Il est impossible de déterminer un seuil d’endettement au-delà duquel se déclencherait une crise des finances publiques imposant des mesures drastiques de redressement car son éventuelle survenue dépend de nombreux paramètres souvent non quantifiables et spécifiques à chaque pays et chaque période. Pour éviter une telle crise, les économistes considèrent souvent qu’il faut pouvoir stabiliser la dette en pourcentage du PIB. Ce n’est toutefois pas une condition suffisante de sa soutenabilité et le niveau auquel elle est stabilisée n’est pas indifférent : plus il est élevé, plus le risque de crise est important.



Pour que la dette publique soit stabilisée, le déficit ne doit pas augmenter indéfiniment. Cette condition est indépendante du taux d’intérêt de la dette. Si celui-ci est inférieur au taux de croissance du PIB en valeur, il est seulement plus facile de stabiliser la dette mais on peut ne pas y arriver.
Or le déficit public français est sur une tendance croissante depuis 60 ans. Il s’accroît pendant les crises, ce qui est souhaitable, et ensuite il n’est jamais suffisamment réduit. La soutenabilité de la dette publique française n’est en fait assurée que par la BCE, mais il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’une garantie illimitée.
Pour lutter contre l’inflation, la BCE n’achète d’ailleurs plus de titres publics, comme les autres banques centrales, et les Etats de la zone euro doivent de nouveau faire appel aux marchés financiers. La BCE a néanmoins toujours les moyens de soutenir sans limite un Etat en difficulté, en principe à condition qu’il prenne des mesures suffisantes de redressement de ses comptes publics.


En pratique, il se peut toutefois que la BCE soutienne toujours la France, l’Italie ou l’Espagne car ces pays sont « too big to fail ». Si leurs gouvernements et les acteurs des marchés financiers en sont convaincus, les premiers peuvent s’endetter sans limite sans que les seconds ne s’en inquiètent. Le risque est alors celui d’un éclatement de la zone euro provoqué par la sortie d’un ou plusieurs pays du nord où des mouvements populistes prendraient le pouvoir en mettant en avant leur refus de payer pour les pays du sud. La France reviendrait alors dans la situation d’avant l’euro, où elle dût prendre un « tournant de la rigueur » pour rassurer ses créanciers, mais avec un niveau d’endettement bien plus élevé que dans les années 1980.

Comme le montre le graphique suivant, le solde et le solde primaire des administrations publiques françaises, en pourcentage du PIB, sont sur une tendance décroissante depuis le début de la cinquième République.

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