Chine : un rebond de l’économie plus faible que prévu
Les chiffres de l’économie chinoise restent en dessous des attentes du marché : en avril, la baisse des prix s’est poursuivie dans l’ensemble des secteurs, les prix de production sont touchés par la déflation, et la confiance des entreprises reste fragile. Autant de facteurs qui ont semé le doute sur les marchés quant à la pérennité de la reprise chinoise.
Dans cette analyse, nous synthétisons les raisons qui nous amènent à réévaluer le rebond de l’économie chinoise.
Les points clés ci-dessous :
Le ralentissement de l’économie nous incite à remettre en question notre surpondération des valeurs du MSCI China. Outre l’essoufflement de l’activité, l’accélération de la désinflation et l’érosion de la confiance (tant des entreprises que des investisseurs) sont particulièrement inquiétantes. Cet environnement pèse sur la croissance nominale (et les bénéfices des entreprises) et sur les ratios prix au bénéfice (PER).
Nous préconisons désormais un positionnement neutre sur la Chine et recommandons de se tourner vers les pays voisins, car ce sont eux qui vont bénéficier le plus du rebond de la consommation chinoise. Nous prévoyons dorénavant une croissance des bénéfices des entreprises du MSCI China de l’ordre de 5-6%, sur l’ensemble de l’année. Nous préconisons tout de même de privilégier les pays de la région qui bénéficieront de la reprise de la consommation chinoise et qui sont beaucoup moins exposés au risque géopolitique.
Nous tablons sur une baisse du yuan et conservons un positionnement neutre sur les taux locaux. Les marchés s’attendent désormais à un assouplissement monétaire plus marqué que prévu. Les divergences avec les principales banques centrales mondiales vont peser sur le yuan. De leur côté, les taux locaux devraient légèrement bénéficier des politiques relativement accommodantes de la Banque populaire de Chine (PBoC). Selon toute vraisemblance, ils devraient néanmoins sous-performer la duration des marchés développés. La dégradation des finances publiques de la Chine et la hausse de la « prime de risque » des emprunts d’État contribuent également à freiner un rebond des taux locaux.
Enfin, il convient de rappeler que la réouverture de l’économie chinoise n’a pas d’effet inflationniste sur les autres économies. La part de la Chine dans la consommation mondiale est trop faible pour que sa réouverture entraîne une reflation au niveau mondial, d’autant que la demande dans les autres pays a atteint un pic, voire ralenti. En outre, les secteurs immobilier et manufacturier chinois connaissent toujours des difficultés contrairement à ceux de la consommation et des services qui rebondissent.
Par Aninda Mitra, Head of Asia Macro and Investment Strategy, BNY Mellon IM