Des investisseurs unissent leurs forces au sein d’une nouvelle coalition afin d’atténuer l’impact de la technologie sur la santé mentale et le bien-être.
Vingt-sept investisseurs institutionnels mondiaux, représentant 2 117 milliards de dollars d’actifs sous gestion, ont lancé une initiative d’engagement collaboratif auprès des entreprises issues du secteur de la tech. Cette coalition a pour objectif de les aider à définir des politiques et mettre en œuvre des mesures visant à atténuer l’impact potentiellement négatif de la technologie sur la santé mentale et le bien-être des utilisateurs finaux.
Si les technologies ont une réelle capacité à faciliter le quotidien et représentent un bon moyen de se divertir, il n’en demeure pas moins qu’elles peuvent avoir des effets négatifs significatifs sur la santé mentale et le bien-être.
Des études académiques démontrent qu’une trop grande exposition aux écrans, en particulier trop tôt dans le développement de l’enfant, peut entraîner des troubles de la concentration et du comportement, plus spécifiquement la dépression et l’isolement. L’utilisation accrue d’internet, des smartphones et des médias, à l’instar des jeux vidéo, réseaux sociaux et services de streaming, soulève la question de l’addiction qui se caractérise notamment par des sautes d’humeur, des comportements conflictuels, un repli sur soi, ou l’absence d’intérêt pour son entourage. Les recherches académiques démontrent également que la technologie peut affecter le bien-être : les réseaux sociaux peuvent contribuer à augmenter le stress et à diminuer l’estime de soi[1]. L’exposition aux écrans et l’utilisation d’internet affectent, quant à elles, la durée et la qualité du sommeil[2].
Pour limiter cet impact, nous assistons à l’émergence d’un cadre réglementaire autour de la technologie, de la santé mentale et du bien-être, qui s’étend progressivement
Initiée par Sycomore Asset Management et AXA Investment Managers, cette coalition d’investisseurs entamera un dialogue avec les entreprises directement concernées par ces enjeux de santé mentale et de bien-être, et opérant plus spécifiquement dans les domaines de l’informatique, des médias, d’internet, des jeux vidéo et jeux en ligne, des logiciels, de l’edtech[3] et des télécommunications. Au-delà de la sensibilisation à ces questions, l’initiative s’assurera que les entreprises sollicitées élaboreront des plans d’actions visant à atténuer les problèmes de santé mentale et de bien-être des utilisateurs finaux.
Le groupe d’investisseurs incitera les entreprises cibles à mettre en œuvre de bonnes pratiques telles que :
- Définir une politique et mettre en place des mesures pour atténuer les risques d’addiction et les effets néfastes potentiels sur la santé mentale et le bien-être de l’utilisateur final.
- S’engager à assurer la sécurité des enfants en ligne dans les codes de conduite, les politiques en matière de droits humains ou les dispositifs d’évaluation des risques. Par exemple, mettre en place un site dédié qui détaille notamment leur politique de protection de l’enfant. Se fixer des objectifs spécifiques et communiquer sur les progrès accomplis.
- Définir des objectifs à court et moyen termes (même s’ils ne sont pas quantitatifs du fait du thème abordé), permettant aux actionnaires de suivre les améliorations et les progrès réalisés par les entreprises dans ce domaine.
- Développer un dispositif signalant les contenus préjudiciables en ligne, coopérer avec les autorités pour dénoncer les abus en ligne, et nouer des partenariats avec des tiers en matière de sécurité en ligne.
- Gouvernance, transparence et divulgation dans le cadre du contrôle du contenu de leurs produits.
- Soutenir les initiatives pédagogiques en matière de sécurité en ligne et celles en lien avec la technologie, la santé mentale et le bien-être.
« Investir de manière responsable dans le secteur de la technologie nécessite une approche spécifique afin de s’assurer que la technologie est utilisée de manière éthique et raisonnée.
Les impacts négatifs potentiels de la technologie sur la santé mentale et le bien-être des utilisateurs finaux ont longtemps été sous-estimés par les entreprises. Alors que des actions d’engagement autour des droits numériques, de la reconnaissance faciale et de l’éthique de l’intelligence artificielle ont déjà été initiées, nous sommes fiers d’unir nos forces pour sensibiliser les entreprises du secteur technologique sur la préoccupation croissante des investisseurs responsables concernant le bien-être des utilisateurs finaux. Notre objectif est de les inciter à mettre en œuvre des politiques et des mesures concrètes », a déclaré Marie Vallaeys, analyste ESG chez Sycomore AM et coprésidente de la coalition.
« Nous sommes véritablement au début de la prise de conscience de l’impact réel des nouvelles technologies sur le bien-être et la santé mentale. Il nous semble que c’est le moment opportun pour lancer des actions d’engagement à ce sujet, afin d’accélérer la prise de conscience et encourager les entreprises technologiques à mettre en œuvre des plans d’actions pour protéger les utilisateurs et réduire leurs risques ESG à long terme.
Entamer des discussions est un premier pas et nous espérons sincèrement que les entreprises seront ouvertes à un dialogue constructif. Nous visons collectivement une issue positive, mais si celle-ci n’est pas satisfaisante, nous pourrions être amenés à mettre en œuvre nos propres processus d’escalade, comme l’abaissement de la note ESG de l’entreprise, le vote contre la direction lors de l’assemblée générale annuelle ou encore le dépôt d’une résolution d’actionnaires », a ajouté Théo Kotula, analyste ESG chez AXA IM et coprésident de la coalition.
A son lancement, la coalition compte vingt-sept signataires. Elle cherche désormais à s’étendre dans les mois à venir afin de dialoguer avec davantage d’entreprises.
Pour consulter la déclaration d’intention complète de la coalition, cliquez ici.