Moët Hennessy : une réduction de 1 200 postes qui inquiète les territoires viticoles, selon le Financial Times

La nouvelle a provoqué une onde de choc jusque dans les vignes de Champagne et les chais de Cognac. Selon une enquête publiée jeudi par le Financial Times, Moët Hennessy, la division vins et spiritueux du géant LVMH, prévoit de supprimer plus de 1 200 postes à l’échelle mondiale, soit plus de 10 % de ses effectifs. Cette décision, confirmée dans une vidéo interne par le directeur général Jean-Jacques Guiony, vise à ramener les effectifs à leur niveau de 2019.

Ce plan de réduction, qui passerait pour l’heure par des départs naturels et le gel des recrutements, intervient dans un contexte de recul de 9 % des ventes organiques au premier trimestre, notamment sur les marchés américains et chinois. Une performance en net repli qui fait de Moët Hennessy la division la plus vulnérable de LVMH.

Mais au-delà des chiffres, ce sont les territoires viticoles français qui pourraient être les plus touchés.

Inquiétudes en Champagne

À Épernay, Reims et dans la région Grand Est, où sont implantées des maisons emblématiques comme Moët & Chandon, Ruinart ou Veuve Clicquot, l’annonce a ravivé les craintes d’un recentrage industriel. Moët Hennessy est un employeur majeur dans la région, directement et via des sous-traitants, viticulteurs ou prestataires logistiques.

« Les maisons de champagne du groupe font vivre des milliers de familles, pas seulement les salariés en CDI, mais aussi toute une économie locale : intérimaires, vendangeurs, PME partenaires… », souligne un élu local. « Une baisse d’activité ou une réduction d’effectifs a des répercussions en chaîne. »

Cognac dans l’expectative

Du côté de Cognac, où le groupe détient Hennessy, premier exportateur mondial de spiritueux français, la prudence est de mise. La maison emploie environ 1 000 personnes dans la région, et plusieurs centaines d’autres travaillent dans des exploitations partenaires ou des filières connexes (tonnellerie, transport, embouteillage).

« Le cognac est une activité cyclique, très dépendante des marchés internationaux », rappelle un syndicaliste. « Mais si les États-Unis durcissent leurs droits de douane, comme annoncé par Donald Trump, les exportations pourraient reculer, et l’impact local serait immédiat. »

Dialogue social attendu

Face à l’ampleur potentielle de la réorganisation, les syndicats s’apprêtent à solliciter une réunion exceptionnelle du comité social et économique. Selon le Financial Times, aucune mesure de licenciement n’a encore été annoncée officiellement, mais l’inquiétude monte, d’autant plus que la stratégie du nouveau dirigeant, Alexandre Arnault, reste encore floue pour une partie des équipes.

Ce dernier, fils du président de LVMH Bernard Arnault, a été nommé fin 2024 pour redresser une division fragilisée. Sa mission pourrait toutefois être compromise par les tensions géopolitiques et commerciales croissantes, notamment entre Bruxelles et Washington.

Pour les territoires viticoles, cette réorganisation pose une question de fond : comment concilier performance économique et ancrage local, alors même que les appellations françaises reposent sur des savoir-faire régionaux et une main-d’œuvre experte ?

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