Actions européennes : les marchés restent volatils en avril Par Geoffroy Goenen

Par Geoffroy Goenen, responsable de la gestion des actions européennes chez Candriam

« Volatils » est probablement l’adjectif qui décrit le mieux les marchés en avril, alors que les droits de douane annoncés par le président Trump se sont révélés plus étendus et plus sévères qu’anticipé.

En Europe, le PMI manufacturier a été soutenu par la baisse des prix de l’énergie et les anticipations de mesures budgétaires, qui ont contribué à compenser l’impact négatif de la guerre commerciale. L’indice de confiance des consommateurs de la zone euro a néanmoins reculé, confirmant que les tensions commerciales et le conflit en cours en Ukraine pèsent sur le sentiment économique.

L’Union européenne a décidé de suspendre ses mesures de rétorsion sur l’acier et l’aluminium afin de créer les conditions propices à des négociations avec l’administration américaine. Cette décision, conjuguée à l’accord politique visant la formation d’un gouvernement de coalition en Allemagne, a apporté un certain soulagement.

Depuis notre comité du mois d’avril, les marchés européens ont fortement rebondi après l’annonce par Donald Trump d’une suspension pour « 90 jours » des droits de douane réciproques. Cette reprise s’est traduite par de solides surperformances dans l’ensemble des secteurs et des styles au cours des quatre dernières semaines. Dans ce contexte, les investisseurs ont quelque peu délaissé les secteurs défensifs au profit des secteurs cycliques. Parmi ces derniers, les services financiers, l’industrie et l’immobilier se sont particulièrement distingués. Les matériaux et la consommation discrétionnaire ont également enregistré de bonnes performances. Au sein des secteurs défensifs, les services aux collectivités ont enregistré la meilleure surperformance, suivis par la santé et la consommation courante. Par ailleurs, l’énergie est restée globalement stable au cours des dernières semaines en raison de l’évolution du cours du Brent. Enfin, les technologies de l’information (IT) et les services de communication se sont bien comportés.

Prévisions de bénéfices et valorisations

La saison des résultats touche désormais à sa fin. De nombreuses sociétés de l’indice Stoxx Europe 600 ont déjà publié leurs comptes du premier trimestre. Selon les données de JP Morgan, 55 % de ces sociétés ont affiché un chiffre d’affaires supérieur au consensus.

Les investisseurs tablent désormais sur une croissance des bénéfices inférieure à 5 % pour 2025 (+3,7 % contre +6,2 % il y a quatre semaines). D’après le consensus, cette croissance des bénéfices par action (BPA) sera tirée par l’immobilier et la santé (avec une progression à deux chiffres dans chacun de ces secteurs). L’énergie est l’unique secteur pour lequel le consensus prévoit une baisse des bénéfices cette année. Les inquiétudes liées aux droits de douane et au risque de ralentissement économique sont les principales raisons de ces révisions.

Depuis le dernier comité, les multiples de valorisation européens sont restés globalement stables. Le ratio cours sur bénéfices à 12 mois s’établit désormais à 14,2x (contre 14,4x précédemment), un chiffre encore nettement inférieur aux multiples américains (20,9x), pourtant en recul des derniers temps. Les technologies de l’information et l’industrie sont les secteurs les plus chèrement valorisés (ratios cours sur bénéfices respectifs de 24,9x et 19,8x), tandis que l’énergie et les services financiers restent les plus abordables (ratios cours sur bénéfices respectifs de 8,2x et 10,1x).

Les services aux collectivités et la consommation courante demeurent nos seules convictions positives

Nous n’avons guère modifié notre allocation sectorielle au cours des dernières semaines. Nous avons maintenu notre note positive (+1) pour les services aux collectivités (compte tenu du potentiel lié au plan d’infrastructures allemand de 500 milliards d’euros) et la consommation courante. Ces deux secteurs ont continué à surperformer le marché ces dernières semaines.

Pour mémoire, nous avons récemment abaissé la note du secteur de la santé à neutre (prise de bénéfices sur certaines sociétés pharmaceutiques européennes qui ont surperformé depuis le début de l’année). Nous avons également dégradé les services financiers de neutre à -1 en raison de valorisations élevées, alors que nous anticipons une poursuite du cycle d’assouplissement monétaire de la BCE susceptible de peser sur les revenus nets d’intérêts des banques.

À ce stade, nous maintenons notre positionnement et ne voyons aucune raison de procéder à des changements radicaux, car la prudence reste de mise.

Rédigé le 14 mai 2025

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