Thierry Coste: « « Nos campagnes », un think tank et une fondation pour agir »
Il y a des moments qui comptent dans une vie. Il y a aussi des moments où l’on se compte. Ce matin de septembre 2023 est ceux-là. Nous sommes comme d’habitude dans mon café préféré, l’Esplanade, aux Invalides, à Paris. J’ai réuni un groupe d’amis pour relever un nouveau défi qui puisse servir notre conception généreuse du monde rural. D’un regard, je fais le tour de la table. Ils sont presque tous là : le patron de Rungis Stéphane Layani, le président d’Atout France Christian Mantei, des sportifs de haut niveau comme David Douillet et Franck Piccard, Christiane Lambert, ancienne présidente de la FNSEA, Éric de la Chesnais, journaliste au Figaro, Pascal Grizot, président de l’Alliance des sports et loisirs de nature, Philippe et Jean-Noël Deparis, les jumeaux de La Place du village, et quelques autres proches comme Romain Grau, Thierry Bedossa, Marie-France Barrier, Stéphanie de Turckheim et Louise Lesparre… Les uns sourient, joyeux de se retrouver, d’autres sont lancés dans des apartés. Les cafés fument dans les tasses. Autrefois, une odeur de tabac aurait flotté.
Il est temps. Je me lève. En quelques mots, je leur résume mon projet. Certains l’ont déjà entendu, car j’ai dû rencontrer plus de cinquante personnalités pour en tester la faisabilité et voir si je pouvais avoir l’impact escompté. Nous allons créer ensemble un think tank pout promouvoir nos idées et mieux connaître la situation actuelle des campagnes. Et nous allons l’appuyer sur une fondation pour assurer notre indépendance. Programme simple, nom simple, ce sera Nos campagnes.
Dans notre petit salon, tous valident sans la moindre hésitation le fait que je parle de la mise en place d’« une machine de guerre » pour promouvoir nos campagnes auprès de l’opinion publique. Personne n’est choqué par ce langage guerrier justifié par l’urgence de livrer la bataille des valeurs rurales, qui ne sont pas ringardes mais au contraire modernes, dynamiques et porteuses d’avenir. Tout le monde s’accorde en moins de cinq minutes sur la nécessité de valoriser des exemples positifs, des savoir-faire de femmes et d’hommes passionnés de vivre, l’ouverture, la tolérance doivent devenir la ligne de force du think tank. Personne autour de la table ne veut construire un syndicat des ruraux râleurs ou un club de lanceurs d’alerte élitistes voyant tout en noir, de la fin du mois à la fin du monde.
Tous considèrent que notre organisation doit aussi plaider pour que l’on « foute la paix » à ceux qui veulent vivre et travailler dans nos campagnes. Nous allons financer les études, les enquêtes et les sondages, dans des temps records pour combattre les discours de sectarisme en tout genre ou les normes abusives, cette maladie si française. Jérôme Fourquet, un des meilleurs spécialistes français des évolutions sociétales, territoriales et politiques, accepte d’être l’un des experts associés.
Le fonds de dotation rurale sera l’outil de notre indépendance afin de financer toutes les études nécessaires et d’en faire la promotion auprès de l’opinion publique. Nous voulons toutefois éviter une personnalisation excessive et orchestrer une « véritable polyphonie rurale » avec des leaders d’opinion différents. Sous l’influence bénéfique de mes amis corses, je propose cette démarche collective : c’est notre richesse. Il sera de notre devoir que des membres du think tank, personnalités reconnues, interviennent dans les débats publics selon leurs compétences et leurs passions.