Argentine : La victoire de Milei ouvre la voie à un programme de réformes et rassure les marchés
Thierry Larose, gérant de portefeuille chez Vontobel
La victoire écrasante du parti La Libertad Avanza du président Milei, avec environ 41 % des voix au niveau national contre 31 % pour le péronisme, a renversé la tendance dans la province de Buenos Aires et remporté les circonscriptions clés. Elle donne au gouvernement plus d’un tiers des sièges dans les deux chambres, écartant tout risque de destitution et ouvrant la voie à un véritable programme de réformes. Milei peut désormais avancer sur les réformes fiscales, du travail et des retraites, en s’appuyant sur le PRO et les gouverneurs modérés. Ce vote conforte la légitimité de sa politique budgétaire et de son orientation pro-marché, tout en laissant un péronisme affaibli et divisé. En somme, la dynamique réformatrice de l’Argentine est relancée : Milei peut désormais légiférer en position de force, et non plus de survie.
Les marchés réagissent avec soulagement et optimisme. Cette victoire dissipe la crainte d’un retour du populisme, après le choc des primaires à Buenos Aires en septembre dernier. Avec 41 % pour LLA et 31 % pour les péronistes, la prime de risque politique du pays s’effondre. Nous pouvons donc nous attendre à ce que les obligations internationales libellées en dollars ainsi que les obligations nationales libellées en pesos bondissent, tandis que la monnaie devrait connaître un soulagement à mesure que les opérations de couverture se résorbent et que les flux financiers se normalisent. Pour les investisseurs, c’est un repositionnement politique classique : un mandat fort, une volatilité moindre et trajectoire plus claire vers un retour sur les marchés d’ici 2026. C’est un tournant décisif pour l’Argentine en termes de prise de risque.
En ce qui concerne le peso, aucune dévaluation n’est à prévoir après un tel résultat. Les pressions préélectorales sur le peso s’expliquaient surtout par des paris spéculatifs et des importations anticipées. Le vote étant désormais derrière nous, et le Trésor américain maintenant son soutien au marché des changes, ce risque a disparu. Le peso est appelé à s’apprécier et à s’échanger confortablement dans les fourchettes de fluctuation des devises. Le gouvernement peut ainsi reconstituer ses réserves et maintenir l’inflation à un niveau bas sans changer de régime. Un système sans fourchette pourrait être instauré plus tard, en 2026, lorsque les flux de capitaux et les investissements étrangers se seront renforcés. En bref, cette élection transforme le peso du statut de monnaie défensive à celui d’une devise appelée à s’apprécier.
Les relations entre Washington et Buenos Aires n’ont jamais été aussi étroites. Les conditions sont remplies pour Washington : stabilité, réformes et non-retour au kirchnérisme. Sur les 20 milliards de dollars prévus par le mécanisme de swap de l’ESF, 18 milliards restent mobilisables, sans aucun signe de réduction à venir. Au contraire, les États-Unis peuvent désormais se retirer des interventions directes sur le marché des changes, laissant la reprise du marché prouver que leur soutien a été efficace. La victoire nette de Milei renforce sa légitimité pour mener à bien ses réformes, et Washington entend maintenir son appui, tant politique que financier. En définitive, le programme est sécurisé, la confiance est rétablie, et la crédibilité de l’Argentine est restaurée auprès des marchés.




































































































































































































































































































